Chroniques

Dans la pratique des arts martiaux, il existe un principe fondamental souvent sous-estimé, mais essentiel pour atteindre l’excellence : le Heijoshi (平常心). Ce concept japonais se traduit littéralement par « esprit calme et équilibré ». Une interprétation finale pourrait être : « Maintenir son état d’esprit en toutes circonstances ». Au-delà de la simple maîtrise des techniques, le Heijoshi incarne la capacité à maintenir un état d’équilibre émotionnel face aux situations les plus stressantes ou inattendues.

Dans l’enseignement des arts martiaux traditionnels japonais, le concept de saya no naka no kachi (« la victoire alors que le sabre est encore dans son fourreau ») occupe une place essentielle. Il exprime l’idée d’une victoire obtenue sans combat, d’une suprématie qui ne repose ni sur la violence ni sur l’affrontement physique. Si cette notion résonne comme un idéal philosophique noble, sa mise en application demeure un véritable défi, tant sur le tatami que dans la vie quotidienne.

Dans l’univers des arts martiaux japonais, Ikken Hissatsu (一拳必殺) signifie littéralement : « Tuer d’une seule frappe ». Bien que le mot « tuer » soit ici symbolique, il exprime l’idée de neutraliser l’adversaire d’un seul mouvement décisif — non pas par brutalité, mais par maîtrise absolue de la distance, du timing, et de l’énergie corporelle.

Mushin : faire le vide pour mieux créer

Et si la meilleure façon d’avancer était de s’arrêter un instant ?
Dans notre monde saturé de notifications et d’obligations, l’état de mushin — cet esprit libéré de toute pensée parasite — nous invite à reconnecter avec l’essentiel. Bien plus qu’un concept martial, mushin devient un outil précieux pour libérer notre créativité, nourrir notre concentration, et retrouver un équilibre mental dans un quotidien souvent fragmenté.

Prendre un moment pour bouger, méditer ou simplement respirer, ce n’est pas perdre du temps : c’est en gagner. C’est dans ces instants de clarté que naissent les idées les plus justes, les solutions les plus simples… et parfois les plus grandes inspirations.

Dans la tradition martiale japonaise, les techniques ne sont pas seulement des gestes à maîtriser : elles sont le prolongement d’un état d’esprit. Le concept de Gokyo — les cinq éléments — s’inspire des philosophies bouddhistes et shintoïstes, et offre une précieuse grille de lecture de notre manière de combattre, de penser, et d’évoluer. Il se décline ainsi : Chi (la Terre), Sui/Mizu (l’Eau), Ka (le Feu), Fū/Kaze (le Vent) et Kū/Kara (le Vide ou l’Éther). Ce modèle se retrouve dans plusieurs disciplines, y compris dans la sculpture funéraire japonaise à travers le Gorintō (五輪塔), la stèle aux cinq anneaux, qui matérialise cette vision cosmique et que...